Cette seconde gradation d’Expanding Color emprunte son titre à l’exposition organisée par l’architecte Aldo Van Eyck et l’artiste Constant Nieuwen-Huys au Stedelijk Museum à Amsterdam en 1952. Cette dernière était la démonstration de leur manifeste For a Spatial Colorism. Ils y spécifiaient que la couleur ne devait pas être ajoutée après coup à une construction ou à une forme. Il était impératif de la réfléchir et de la concevoir au même moment que la forme et en relation avec elle. «La couleur n’est rien d’autre que la couleur de la forme et la forme n’est rien de moins que la forme de la couleur». Van Eyck et Constant œuvraient à une synthèse de l’espace et de la couleur dans la lignée du mouvement De Stijl, mais ils souhaitaient l’appliquer à l’ensemble de la société et non pas la cantonner au champ des Beaux-arts.

«A Space in color», grâce aux interventions de Christophe Cuzin, Clemens Hollerer et Krijn de Koning, voit la couleur se déployer au cœur de l’espace d’exposition. Les œuvres, produites spécialement pour le lieu, s’imbriquent dans l’espace afin de tirer parti des possibilités et des contraintes du site. Les œuvres s’étendent dorénavant à l’ensemble des murs, du plafond et du sol sollicitant visuellement et corporellement le visiteur. «A Space in color» est une expérience chromatique que des évènements comme les fluctuations lumineuses ou la distance et la position du «voyageur» viendront enrichir. Il éprouvera la nature parfois instable de la couleur. «Le tableau ne se contente plus seulement de venir au devant du spectateur, il l’environne». Le changement d’échelle opéré dans cette deuxième gradation a pour conséquence une expansion de la couleur dans laquelle le visiteur est happé et immerge. Il va entrer, de manière littérale, dans la couleur.

Christophe Cuzin, Clemens Hollerer et Krijn de Koning élaborent leurs œuvres respectives en fonction d’un espace. Elles mettent en lumière la densité du site qui les accueille ainsi que la relation particulière qu’entretient un corps avec ce dernier. Christophe Cuzin est bien loin de la mythologie du peintre. Il se définit comme un peintre en bâtiment qui, par un geste impersonnel et au moyen d’un nuancier industriel, «use de matériaux et donc de couleurs déjà socialisées». Formes et couleurs, pour Clemens Hollerer, sont indissociables de leurs fonctionnalités. Il repère donc des sites qu’il déplace dans l’espace d’exposition. Quant à Krijn de Koning, il travaille sur des seuils colorés et architecturés. L’oeuvre devient alors un appareil de vision.

 

source  : http://www.paris-art.com/agenda-culturel-paris/a-space-in-color/clemens-hollerer-krijn-de-koning/13854.html#haut